Tout en cheminant le long des couloirs du premier étage, Ermelina laissait vagabonder ses idées. Elle s'amusa, entre autre chose, à constater que le hasard était parfois étrange. A la suite des funérailles d'Arganossius, elle avait promis à l'ambassadrice d'Artois en Languedoc de passer la voir dans son bureau. Jamais elle n'aurait pensé pouvoir la rencontrer en tant qu'homologue... Ces quelques pensées eurent le don de faire sourire la jeune femme. Le coeur léger, elle poussa la porte de son nouveau bureau, impatiente de prendre connaissance des dossiers en cours.
Tout comme les bureaux de l'ambassade du Maine et de la Savoie, celui-ci avait été meublé avec goût et raffinement. Rien, cependant, n'entravait la fonctionnalité du lieu. Tour à tour, la nouvelle ambassadrice regarda l'emplacement prévu pour les registres, puis le bureau. Pas de registre, juste quelques feuilles éparses sur le bureau. Un profond soupir souleva la poitrine d'Ermelina.
Bon... Il semblerait que les archives n'aient pas encore quitté Montpellier... Ce sera donc la première chose à faire. Et puis il me faudra mettre un peu d'ordre ici avant d'aller voir dame Alazaïs, ajouta-t-elle en lançant un coup d'oeil critique aux feuillets encombrant le bureau. Et peut-être faudra-t-il que je songe un jour à arrêter de parler à voix haute quand je suis toute seule, conclut-elle en s'emparant des documents laissés là par ses prédécesseurs et en se mettant au travail.